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La Géologie des terroirs de Bourgogne



Qu’est-ce qui rend un vin de Bourgogne si unique, si émouvant, si mémorable ? Bien sûr, on pense au Pinot Noir, au Chardonnay, au savoir-faire ancestral… Mais la véritable magie opère bien plus en profondeur, là où la vigne plonge ses racines dans la roche. Car ici, en Bourgogne, la géologie est reine. Elle façonne les paysages, les sols, les expositions et, par extension, l'âme même des vins.

En particulier sur les prestigieuses Côte de Nuits et Côte de Beaune, chaque pierre, chaque faille, chaque inclinaison influence l’expression du vin. Cet article vous invite à une plongée fascinante sous la surface, pour comprendre comment la terre elle-même parle à travers les vins.


Comprendre le Terroir en Bourgogne


Un concept aux multiples facettes

En Bourgogne, le mot « terroir » est sacré. Il ne désigne pas seulement un sol, mais un ensemble vivant : géologie, climat, topographie, exposition, cépage… et bien sûr, l’homme. Le vigneron n’est pas un fabricant : il est un interprète, à l’écoute de son terroir.

Chaque élément compte. Une pente orientée au sud-est capte le soleil du matin. Un sol peu profond oblige la vigne à puiser son énergie plus bas. Une couche de marne apporte rondeur, tandis qu’un calcaire tendre favorise la tension. Ensemble, ils tissent la complexité d’un vin.


Le rôle historique des Climats

Depuis des siècles, la Bourgogne a patiemment nommé, tracé, hiérarchisé ses terroirs. Ces parcelles précises s’appellent des Climats. Il y en a plus de 1 200, parfois séparées par un simple muret. Chacune a une personnalité propre.

Cette tradition d’observation a conduit à une reconnaissance unique : l’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2015. Ici, le terroir est une œuvre d’art géologique… et humaine.



Bourgogne à l'origine du terroir - Source : Vins de Bourgogne BIVB



La naissance géologique de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune


Une épopée vieille de 200 millions d’années

Il y a très longtemps, la Bourgogne était recouverte par une mer chaude peu profonde. Elle y a déposé des couches successives de calcaires et de marnes. Puis, la naissance du fossé de la Bresse a bouleversé le paysage : failles, effondrements, soulèvements ont formé les coteaux que l’on connaît aujourd’hui.

Ce contexte géologique unique donne naissance à une mosaïque de terroirs, où chaque variation de sous-sol produit un vin différent.


Les grandes familles géologiques

Dans les Côtes de Nuits et de Beaune, les sols viticoles reposent principalement sur :

  • Les calcaires du Jurassique (Bajocien, Bathonien, Oxfordien) : durs, filtrants, minéralisants.

  • Les marnes : plus riches en argile, elles retiennent davantage d’humidité et adoucissent les vins.

  • Les colluvions : dépôts d’érosion, très caillouteux, favorisent un bon drainage.

C’est ce patchwork de couches géologiques qui donne à chaque Climat sa voix singulière.



La Côte de Nuits : des crus sculptés par la pierre


Des sols maigres pour de grands rouges

Du nord de Dijon jusqu’à Corgoloin, la Côte de Nuits est le royaume du Pinot Noir. Les sols sont souvent minces, sur des calcaires à entroques ou du Comblanchien, très caillouteux. Ils drainent bien l’eau et obligent la vigne à travailler dur. Résultat : des vins structurés, profonds, dotés d’un potentiel de garde remarquable.


Une géologie fragmentée, une mosaïque de climats

La Côte de Nuits est parcourue par des failles orientées est-ouest, qui créent des ruptures dans le relief et dans les sols. À Gevrey, Vosne, Nuits-Saint-Georges, chaque cru possède un assemblage unique de roche, d’argile, de pente. C’est ce qui explique pourquoi deux parcelles voisines, exposées de la même façon, peuvent donner des vins si différents.


Le Pinot Noir, miroir du sous-sol

Cépage délicat, le Pinot Noir ne triche pas. Il capte la moindre variation du sol. Là où le Chardonnay peut parfois lisser les angles, le Pinot reflète tout : la finesse du calcaire, la fraîcheur d’un talweg, la densité d’une marne. C’est ce qui rend les vins de la Côte de Nuits si expressifs et si recherchés.



La Côte de Beaune : subtilité, diversité et dualité


Une structure synclinale fascinante

Plus au sud, la Côte de Beaune repose sur une dépression géologique (synclinale de Volnay) qui expose des couches plus variées. Au nord (Corton, Pernand-Vergelesses), les calcaires dominent. Au sud (Meursault, Puligny), ce sont les marnes du Jurassique supérieur qui prennent le dessus.


Quand les marnes façonnent les grands blancs

Les grands vins blancs de Bourgogne trouvent ici leur terre promise. Meursault, Puligny-Montrachet, Chassagne-Montrachet : autant de noms qui évoquent l’élégance, l’onctuosité, la précision. Les marnes argileuses retiennent l’eau, régulent la croissance de la vigne, et offrent au Chardonnay un terroir d’expression exceptionnel.


Des rouges puissants à élégants

Mais la Côte de Beaune, ce n’est pas que du blanc. Volnay et Pommard, à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, montrent toute la dualité de ce terroir : le premier, aérien et floral ; le second, solide et tannique. Leur différence ? Un peu plus d’argile ici, un calcaire plus fissuré là.



Coupe longitudinale de la côté - Source : Terroirs viticoles en Bourgogne, Noel Leneuf
Coupe longitudinale de la côté - Source : Terroirs viticoles en Bourgogne, Noel Leneuf

L’influence de la géologie sur la hiérarchie des appellations


Grands crus, Premiers crus, Villages : une logique du sol

En Bourgogne, la hiérarchie des AOC suit souvent celle du sol. Les Grands Crus se trouvent sur les pentes bien exposées, à la pierrosité équilibrée, au drainage parfait. Les Villages s’étendent en milieu de pente, là où les sols sont encore intéressants mais parfois plus profonds. En bas, dans les zones d’accumulation, on trouve souvent les AOC régionales.


Exemple : Montrachet, un mythe né de la pierre

Le Montrachet, sans doute le plus grand blanc du monde, repose sur une fine couche de marnes calcaires oxfordiennes parfaitement exposée au sud. Une combinaison géologique rarissime, et donc précieuse.


Pierrosité, pente, drainage : les critères de l’élite

Ce n’est pas la richesse du sol qui compte, mais sa pauvreté bien maîtrisée. Un sol caillouteux, bien exposé, en pente douce… c’est là que la vigne donne le meilleur.



Topolithoséquences de sols dans les vignobles - Source : Terroirs viticoles en Bourgogne, Noel Leneuf
Topolithoséquences de sols dans les vignobles - Source : Terroirs viticoles en Bourgogne, Noel Leneuf


Le rôle du sol dans l’expression aromatique


Texture, minéraux, rétention hydrique

Un sol n’est pas qu’une surface : c’est une éponge vivante. Il stocke, libère, filtre. Les textures fines apportent richesse et rondeur ; les cailloux, tension et fraîcheur. La roche influe sur la façon dont la vigne vit, et donc sur ce qu’elle exprime dans le verre.


Le stress hydrique, moteur de qualité

Une vigne qui a un peu soif produit des raisins plus concentrés. Les sols bien drainés imposent ce stress modéré, qui favorise la formation des arômes et des tanins fins. À l’inverse, les zones trop humides donnent des vins plus dilués, moins aptes à vieillir.


Goûte-t-on vraiment la pierre ?

C’est une question qui divise. On ne boit pas du calcaire liquide, bien sûr. Mais on perçoit ce qu’il induit : une tension, une vibration minérale, une salinité presque tactile. C’est là que réside le fameux "goût de terroir".



Préserver les terroirs : entre héritage et modernité


L’érosion, un ennemi silencieux

Les pentes abruptes, les orages violents, les pratiques agricoles intensives peuvent emporter la fine couche de sol qui a mis des siècles à se former. Chaque ruissellement mal géré est une blessure au terroir.


Restaurer sans trahir

Quand un Climat est abîmé, il faut parfois le reconstituer. Mais attention : on ne peut pas mettre n’importe quelle terre sur un Grand Cru. Elle doit provenir du même niveau géologique, être analysée, déposée avec soin. C’est un travail de précision, presque d’orfèvre.


Vers une viticulture durable et enracinée

Préserver les terroirs, c’est préserver la mémoire du vin. De plus en plus de vignerons reviennent à des pratiques douces : enherbement, travail superficiel, couverture végétale. L’objectif ? Que la terre vive encore longtemps sous nos pieds… et dans nos verres.



En Bourgogne, le vin commence là où nos yeux ne voient plus. C’est dans les strates du Jurassique, les marnes discrètes, les calcaires fendus, que naissent les plus grandes émotions. À la Côte de Nuits, comme à la Côte de Beaune, chaque bouteille est le reflet d’une roche, d’une histoire, d’une patience millénaire.

Et si l’on disait que les plus grands vins ne poussent pas, mais émergent du sol ?



FAQ

1. Quelle est la différence entre calcaire et marne pour la vigne ?

Le calcaire est plus filtrant et donne des vins tendus et ciselés. La marne, plus argileuse, offre de la rondeur, du gras, et de la profondeur.


2. Pourquoi le Pinot Noir est-il si sensible au terroir ?

C’est un cépage délicat, qui exprime fidèlement les nuances du sol. Il agit comme une loupe sur le terroir, sans le maquiller.


3. Comment la géologie explique-t-elle les différences entre deux parcelles voisines ?

Des changements infimes dans le sol (profondeur, texture, cailloux) peuvent modifier la maturité du raisin, sa concentration, sa fraîcheur… et donc le style du vin.


4. Peut-on « goûter » la pierre dans un vin ?

Indirectement, oui. Ce que l’on appelle "minéralité" vient des effets du sol sur la vigne : drainage, stress, maturité lente. C’est une sensation plus qu’un goût.


5. Quel terroir géologique domine à Monthélie ?

À Monthélie, les vignes reposent sur des marnes et calcaires du Jurassique supérieur, exposées sud-est, à mi-pente. C’est un écrin idéal pour des vins rouges fins et pleins d’élan, et des blancs à la fraîcheur tendue.


6. Pourquoi les vins de Bourgogne sont réputés ?

Parce qu’ils racontent une histoire. Celle d’un terroir millénaire, d’un cépage humble, d’un climat précis, d’un vigneron passionné. En Bourgogne, chaque vin est un lieu, une saison, une émotion.

 
 
 

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A LA DECOUVERTE DE NOS VINS

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